"La terre est proche, on voit l'île, l'instant d'après: tout est perdu, l'ange est perdu. Perdu en mer, la mer qui détruit, qui imprime sa marque à la matière, aux corps, aux objets.
La mer qui sépare, la mer comme lieu de passage, une traversée obligée et douloureuse pour celui qui doit fuir, changer de vie, changer d'espace.
Les vêtements, les chaussures sont ce qui reste du corps, ces oeuvres dessinent le langage des choses muettes.
Quand on enlève le revêtement des choses, quand l'objet est libéré de ses qualités, au-dessous apparaît le squelette....
L'objet inerte est imprimé de la vie de l'homme.
Tout est détruit dans une même vague de Troyes jadis à Alep aujourd'hui, c'est un ressac, c'est l'eau qui revient.
Existe-t-il un deuil de l'histoire ? Gardons-nous la mémoire collective de la perte, de l'errance ?
Ma recherche s'appuie sur une syntaxe qui tisse trois états, la vie, la mort et l'eau pour manifester les rapports entre la matérialité, la sensation et la quête des origines.
Dans le désordre des mouvements, avec la mobilité des objets, c'est l'eau qui est l'objet et la vision du monde n'est plus celle envisagée l'instant d'avant, l'instant terrible ou dans le flux, dans le creux d'une sombre vague tout est perdu..."