Aussi loin que je remonte dans ma mémoire, le jeu avec les formes, les matières et les couleurs m’a fasciné. Lorsque j’étais enfant, mon père aimant créer et s’adonner à la peinture, j’ai baigné dans le effluves d’huile de lin et de térébenthine, ce qui explique sans doute en partie mon penchant artistique. Si j’ai embrassé une carrière professionnelle dans le domaine de l’éducation avant de me tourner vers l’enseignement et la recherche, mes intérêts étaient et sont toujours orientés du côté de la création, de l’art et de l’esthétique. Le monde des idées me plaît, j’aime lire, j’aime écrire, mais c’est aussi vrai pour la pratique artistique qui m’a toujours accompagné – encres de chine, huiles, techniques mixtes, etc. – Ainsi, dans mon espace de travail, le chevalet côtoie l’ordinateur et je passe de la plume au pinceau et inversement car la création intellectuelle et la création artistique s’imposent à moi comme deux évidences entremêlées et incontournables.
Cherchant à capturer des instants qui me touchent ou me captivent, mes créations sont autant d’explorations ludiques de sensations, d’idées indicibles ou de sentiments fugaces qui m’ont ému. Cela peut être la blancheur laiteuse d’un matin, la stridulation obsédante des criquets au printemps, le frémissement de l’écume des vagues, la chorégraphie hasardeuse d’un rassemblement de personnes ou encore l’intensité troublante d’un regard. Autant d’impressions du vivant que j’essaye de traduire en autant d’images sensibles qui, touche après touche, couche après couche, donnent lieu à des mondes incertains où l’étonnement vient questionner les habitudes de voir et de penser.